D’est en ouest, du nord au sud de la planète, et jusqu’au moindre petit village de France, il y a ce jour du mardi 10 novembre 1970 une vague de tristesse et d’hommages, de sidération parfois. La mort subite du Général de Gaulle, la veille au soir à Colombey-les-Deux-Eglises (Haute-Marne), dans sa propriété de la Boisserie, surprend le monde entier. Il était 19 h environ, et de Gaulle commençait son jeu de cartes favori, une simple réussite. Il attend ainsi le journal télévisé de 20 h qu’il ne rate jamais. Une rupture d’anévrisme provoque une violente douleur, et l’homme de l’Appel du 18 juin s’effondre.
La nouvelle reste tout d’abord dans le strict cadre familial. C’est le lendemain, dans la matinée, que la disparition de l’ancien président de la République est rendue publique. Beaucoup de Français partent alors au travail sans l’avoir apprise.
Mao et la reine d’Angleterre
Sa disparition est une perte non seulement pour la nation française mais aussi pour l’humanité tout entière , déclare le président américain Richard Nixon. À l’autre bout d’un monde, divisé en deux par la Guerre froide, Moscou rappelle la lutte commune de l’Union soviétique et de la France pendant la Seconde Guerre mondiale et la victoire sur la tyrannie nazie.
La reine d’Angleterre fait part de sa profonde tristesse et de son grand chagrin. Depuis la Chine, le président Mao rend hommage au combattant intrépide contre l’agression fasciste et au défenseur de l’indépendance nationale de la France. C’est bien toute la planète qui s’incline devant le général de Gaulle. Georges Pompidou, le président de la République, résumera ces hommages par une formule restée célèbre : La France est veuve.
Cinquante mille personnes
À Paris, avenue de Breteuil, où il disposait encore d’un bureau et d’un secrétariat, une interminable file de Parisiens se forme pour pouvoir laisser quelques mots sur le livre de condoléances qui vient d’être ouvert. Tandis que dans chaque église de France le glas sonnera le jeudi 12 novembre lors de ses obsèques, chez lui à Colombey-les-Deux-Eglises.
Cinquante mille personnes y sont rassemblées et voient passer le cercueil porté par des jeunes gens de la commune. Le même jour, une centaine de chefs d’État de toute la planète participent à un office religieux à Paris, à Notre-Dame. De Gaulle n’avait pas voulu d’obsèques nationales.